Alors que le monde entier fait face aux difficultés engendrées par le covid-19, le corps médical a rapidement mis en œuvre des travaux de recherche et a annoncé la découverte de plusieurs vaccins parmi lesquels certains ont déjà été commercialisés. Bien que ce virus soit à la une de l’actualité mondiale principalement pour son caractère mortel et contagieux, la France poursuit ses recherches médicales contre une maladie qui demeure l’une des premières causes de mortalité en France : le cancer, notamment celui du sein. En effet, le cancer du sein reste très répandu chez les femmes françaises avec 58 000 nouveaux cas en 2018. Chaque année, plus de 571 000 décès surviennent dans le monde en raison de cette maladie.

Patrick Legembre, le directeur de l’INSERM

Patrick Legembre, directeur de recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), se livre depuis de nombreuses années à la recherche de molécules thérapeutiques afin de lutter contre le cancer du sein et le lupus, une maladie chronique auto-immune qui peut toucher plusieurs parties du corps comme la peau et les articulations. Né près de Paris en 1974, il fait ses études à l’Université de Bordeaux sur l’oncologie et l’immunologie et obtient son doctorat en 2002. Il décide ensuite de suivre une formation de deux ans à l’Université de Chicago aux États Unis durant lesquels il a eu l’opportunité de travailler avec le professeur Marcus Peter, spécialiste des diverses formes de mort cellulaire. Cette formation lui a permis de faire des recherches relatives au développement des cellules cancéreuses et leur propagation dans l’organisme, plus précisément du processus métastatique induit par les récepteurs de mort. En 2005, il se distingue des centaines de candidats inscrits au concours d’entrée de l’INSERM et fait partie des trois lauréats ayant été retenus. Il devient alors professeur associé et chargé de recherche. En 2010, il créé une équipe de recherche à Rennes, puis une nouvelle à Limoges en 2020.

Patrick Legembre et ses recherches sur le cancer

A l’occasion de ses recherches sur le cancer du sein, Patrick Legembre se focalise particulièrement sur un récepteur de mort appelé CD95 (Fas) et son ligand CD95L (FasL), facteurs à l’origine de la progression du lupus et du cancer du sein triple négatif. D’après le chercheur, l’accumulation de cette molécule favorise le processus inflammatoire et entraine la dégradation des organes (perte des reins, etc.). En d’autres termes, cette molécule est responsable du processus métastatique chez les patientes souffrant de ces maladies. Il s’agit donc d’une molécule que l’on retrouve dans les deux maladies. Dans l’objectif de lutter contre le cancer du sein, la stratégie de Patrick Legembre consiste à développer, dans un premier temps, un médicament pour les patientes souffrant du lupus afin de le rediriger, dans un second temps, pour le cancer du sein. « Les modèles animaux qui sont à notre disposition sont plus simples de manipulation dans le lupus. » explique-t-il. C’est la raison pour laquelle il décide de concrétiser ses recherches au préalable sur des souris développant le lupus. Ces tests ont abouti à l’élaboration d’un médicament nommé « DB550 » qui permet de bloquer l’accumulation du CD95L et donc de soigner les souris atteintes du lupus. Ce succès scientifique a été publié dans plusieurs journaux scientifiques internationaux, tels que Plos Biology en 2011. Aussi, le chercheur français a reçu le prix Avenir Ruban Rose en 2016 ainsi que le prix Jean Valade de la Fondation de France en 2018 pour cette participation dans la progression scientifique.